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Construire Vert
28 juillet 2009

Pour une rénovation thermique globale

Le parc du bâtiment français comporte 30 millions de logements (16,8 millions en individuel et 13,2 millions en collectif) et 800 000 m² de bureaux. Ce secteur représente à lui seul 20% des émissions de gaz à effet de serre de l’ensemble du pays. A l’heure où l’on construit des bâtiments basse consommation (label BBC Effinergie), voire des bâtiments à énergie positive, il faut bien être conscient que la consommation moyenne actuelle de l’ensemble du parc est de 250 kWh d’énergie primaire par mètre carré par an. On est donc encore bien loin de l’objectif 50 kWh en 2050, avec un pallier intermédiaire à 100 kWh en 2020.

En effet jusqu’à présent l’essentiel des efforts en terme de réduction des consommations énergétiques s’est porté sur les bâtiments neufs, avec la mise en place de la démarche HQE (Haute Qualité Environnementale) puis des labels HPE (Haute Performance Energétique), THPE (Très Haute Performance Energétique) et BBC (Bâtiment Basse Consommation) donnés aux projets réduisant leur consommation énergétique de respectivement 10%, 20% et 50% par rapport à la Réglementation Thermique 2005. Or chaque année les constructions neuves ne représentent que 1% du parc immobilier français, et seulement une minorité d’entre eux atteint des objectifs supérieurs à la réglementation. L’impact de ces nouveaux bâtiments économes en énergie sur les consommations d’énergie à l’échelle nationale est donc très faible.

Si l’on étudie d’un peu plus près le parc immobilier français on réalise que plus de 40% des bâtiments ont été construits avant 1975, année de la première réglementation thermique. Ces bâtiments qui sont de véritables passoires thermiques affichent des consommations proches de 350 kWh d’énergie primaire par mètre carrée par an pour les logements et de 230 pour le tertiaire. Le poids des consommations énergétiques de ces véritables passoires thermiques tire donc les consommations du parc vers le haut, et anéantit tous les efforts consentis sur les bâtiments neufs. Il est donc inévitable d’engager une politique au niveau nationale de rénovation des bâtiments anciens afin de pouvoir espérer atteindre les objectifs fixés en 2020 puis 2050.

C’est ce que Olivier Sidler et la société Enertech ont décidé d’étudier dans le cadre du projet Renaissance, dont la problématique est la suivante : quelles implications pratiques, et notamment financières, auraient un programme visant à atteindre les 50 kWh d’énergie primaire par mètre carrée par an pour tous les logements construits avant 1975 (représentant environ trois quarts de la consommation énergétique nationale) ? L’étude avance qu’il est économiquement peu rentable de procéder à plusieurs rénovations successives des bâtiments anciens, et qu’il est donc indispensable de procéder à une rénovation majeure et unique de chaque bâtiment afin de faire passer ses consommations en énergie primaire en dessous de la barre des 50 kWh par mètre carré par an. Est-ce possible techniquement ? Les experts affirment que oui : l’isolation de l’enveloppe, les vitrages peu émissifs, le traitement des ponts thermiques, sont des techniques disponibles pour le neuf qu’il faudrait diffuser pour la rénovation.

On vient alors à se demander quel serait le prix d’un tel plan de rénovation. Le rapport évalue à 200 €/m² le coût total des rénovations pour transformer un bâtiment ancien en bâtiment basse consommation. Face à ces coûts important des mécanismes (prêts bonifiés, taux de TVA préférentiels, crédit d’impôt, fonds alimentés par une taxe sur l’énergie, etc.) devront être mis en place afin que les maîtres d’ouvrage qui engagent ces travaux lourds aient un retour d’investissement dès les premières années. Au global Olivier Sidler et son équipe estiment que ce plan coûterait quelques 300 milliards d’euros sur 40 ans et créerait environ 100 000 emplois pérennes. A terme le gain énergétique, logements et bureaux confondus, serait de l’ordre de 400 térawattheures (400 x 1012 wattheures), soit près de 13% de la consommation énergétique totale actuelle du pays.

Si la faisabilité d’un tel point peut faire douter certains il est intéressant de regarder chez nos voisins allemands qui ont lancé un tel programme national de rénovation en 2000. Fin 2006 11 milliards d’euros avaient été dépensés dans la rénovation de 265 000 logements, et le mouvement continue ! On peut donc espérer que la France mettra à son tour un plan de rénovation en place, dont l’impact serait à coup sûr plus grand que la simple construction de bâtiments neufs performants.

Antoine

Sources :
- L’avenir est dans l’ancien » par Patrick Piro - Systèmes Solaires n°184
- Rénovation à basse consommation d’énergie des logements en France » par Olivier Sidler - projet "Renaissance"

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